du P. Henri BOULAD
Les amis
Infolettre - Mai 2022
Nouvelles du Centre des enfants sans-abri
L'enfant battu
Nous aimerions vous rapporter l’histoire d’un enfant admis au Centre en janvier 2022, qui a été examiné par le Dr Bernard, médecin français de passage au Caire avec son épouse Valérie. Vous trouverez son émouvant témoignage dans ce lien : ''Témoignage de Valérie Escoffier Gallot".
Cet enfant d’une dizaine d’années avait été sauvagement battu et souffrait de malnutrition. Étant très affaibli, il ne pouvait même pas marcher. Son poids de 18 kilos était inférieur de 12 kilos au poids normal.
Une bonne samaritaine l’a recueilli dans la rue et référé au Centre parrainé par le P. Boulad.
Le Dr Bernard et les médecins du ministère de la santé, constatant que l’enfant était anémique, lui ont fait une transfusion sanguine et prescrit un traitement.
Au début, l’enfant avait besoin d’assistance pour prendre son bain, s’habiller et manger. Il n’arrivait même pas à se tenir debout à cause des sévices qu’il avait subis.
Trois mois plus tard, suite à une sérieuse réhabilitation, l’enfant a pu atteindre son poids normal et retrouver son autonomie.
Il avait peur de dévoiler le nom de la personne qui le battait par crainte de représailles.
Les travailleurs sociaux du Centre ont pu trouver son acte de naissance et rencontrer la directrice de son école. Quand celle-ci a vu la photo de l’enfant à son arrivée au Centre, elle a été toute bouleversée de constater ce que cet enfant avait enduré. A ses dires, c’était un bon élève, parmi les premiers de sa classe. Elle nous a mis alors en contact avec sa grand-mère maternelle, que nos travailleurs sociaux ont rencontrée. Elle nous a confié que c’était sa fille qui battait le gamin. En voyant la photo de son petit-fils, la grand-mère a fondu en larmes, ne parvenant pas imaginer le degré de violence et de haine que le petit avait enduré de la part de sa fille.
Celle-ci, pour s’en débarrasser, l’avait emmené intentionnellement loin de la maison pour l’abandonner dans la rue. Les travailleurs du Centre ont demandé au gamin s’il voulait contacter sa grand-mère. Craignant que celle-ci ne lui demande de retourner chez sa mère, le gosse s’est effondré et a tenté de se cacher. Il ne s’est calmé que lorsqu’on lui a assuré qu’il ne retournerait pas chez sa mère, mais chez sa grand-mère, qui l’aime beaucoup.
Une visite supervisée a été organisée entre le gamin et la grand-mère. Celle-ci l’a pris dans ses bras, câliné, embrassé et accueilli avec beaucoup d’affection et de douceur. Elle a signé les documents légaux confirmant qu’il sera à sa charge.
[...] sauvagement battu et souffrait de malnutrition. Étant très affaibli,
il ne pouvait
même pas marcher.
L'enfant de 11 ans durant une excursion
[...] l’avait emmené intentionnellement loin de la maison pour l’abandonner dans la rue.
Le lendemain, elle est revenue le voir au Centre. Les responsables ont établi un plan afin que l’enfant puisse graduellement retourner vivre chez sa grand-mère en toute sécurité et reprendre ses études. L’enfant vit actuellement chez sa grand-mère.
Le Centre continue à faire un suivi régulier de son intégration, une fois par semaine par téléphone, et une fois par mois en le visitant sur place. La fréquence du suivi diminuera avec le temps, une fois l’intégration assurée.
... Il était perdu et il est retrouvé ...
Seif, un garçon d’une dizaine d’années, vendait des papiers mouchoirs dans la rue. C’est là qu’une de nos unités mobiles l’a recueilli pour l’amener au Centre, qui l’a inscrit à l’école. Il est très attaché à sa famille qui malheureusement abuse de lui. Sa maman, qui s’adonne à la drogue, le poussait à vendre des papiers mouchoirs dans la rue. Suite à une visite qui devait durer deux jours, sa famille l’a convaincu que les responsables du Centre étaient des voleurs et faisaient de l’argent grâce à sa présence là-bas et que pour cette raison il devait reprendre son travail dans la rue.
[...] Sa maman,
qui s’adonne à la drogue,
le poussait à vendre des papiers mouchoirs
dans la rue
Seif a passé alors deux mois à vendre des mouchoirs et à quêter pour plaire à sa famille.
Un jour, il a confié au travailleur social son désir de retourner au Centre, car le travail de la rue et la manière dont les gens le traitaient l’épuisait et le décourageait. Conscient qu’il avait promis à la directrice que sa visite chez sa famille allait durer deux jours, il craignait qu’elle ne l’admette plus au Centre. Suite à une discussion entre le travailleur social et la directrice, celle-ci a accepté sans hésitation d’admettre Seif. Le jour de son arrivée, elle l’a attendu dans la rue, face au Centre, pour lui donner des vêtements propres visant à lui épargner les moqueries de ses camarades.
Elle l’a alors pris dans ses bras avec beaucoup d’amour malgré sa tenue malpropre.
Suite à cet accueil chaleureux, Seif est allé prendre un bain et s’habiller proprement pour rejoindre ses camarades. Cela fait déjà deux mois qu’il est retourné au Centre. Il a repris ses cours à l’école malgré certaines difficultés au début, car il avait manqué un semestre. Il sentait que son comportement avait changé avec ses camarades après avoir vécu deux mois dans la rue, ce qui le stressait énormément et lui donnait un sentiment d’infériorité. Il a compris que sa place n’était pas dans la rue.
[...] la manière dont les gens le traitaient l’épuisait et décourageait ...
Il a bien compris
que sa place n’était pas dans la rue ...
Il a retrouvé sa confiance dans le Centre et sait bien que même s’il le quittait, les portes lui seraient toujours ouvertes.
La maman est venue le visiter et s’est excusée auprès du surveillant pour sa méfiance envers notre Centre. En effet, la réputation de ce genre de centres pour enfants est plutôt négative et suscite des réticences. Voyant qu’on l’avait si bien accueilli, ses préjugés sont tombés, et le petit Seif lui-même en était surpris.
Seif demeurera au Centre pour une période indéterminée tant et aussi longtemps que les responsables jugent que l'environnement familial n'est pas sain et sécuritaire pour lui.
Trois piliers sont indispensables pour acquérir une "solide estime de soi" : l'amour de soi, l'affirmation de soi et la confiance en soi. Pour cette raison les psychologues et les responsables travaillent avec l'enfant pour l'aider à atteindre cet équilibre fondamental pour sa croissance personnelle.
Nous continuons à suivre l'évolution de la situation, d'autres nouvelles suivront ...
Nos enfants en excursion
Le Centre a organisé une sortie pour les enfants à 'Dream Park' pour jouer, se divertir et s'amuser un peu...
Football, le sport préféré de nos enfants
Des pratiques et des parties de Football sont organisés afin de développer chez les enfants l'esprit d'équipe et leur apprendre le respect de l'autre, la discipline, la persévérance, l'inclusion et l'équité.
Une journée avec des jeunes bénévoles
Le Centre a reçu la visite de quelques jeunes bénévoles qui ont organisé une journée sportive pour les enfants. Ils leur ont préparé des jeux, des activités et ont fini par leur cuisiné un bon repas qu'ils ont partagé ensemble.
Diner partage
Les enfants ont participé à des jeux, des activités et ont eu la chance de partager leurs rêves et ambitions. Cette journée fut cloturée par un délicieux repas.
Thérapie de groupe
Les enfants ont participé à une thérapie de groupe dirigée par Mme Abd Elshahid qui a 18 ans d’expérience dans le domaine de la psychologie.
La session a débuté par des activités, des jeux de groupe et s’est clôturée par un partage.
Chaque enfant a pu exprimer ses sentiments sur ce qui le rend malheureux, ses peurs et angoisses.
Ils ont aussi raconté certaines de leurs expériences vécues. Cet exercice aidera les enfants à mieux comprendre et gérer leurs sentiments, leurs émotions en plus de les initier à la médiation de conflits pour faire face à des situations similaires dans leur vie quotidienne.
Merci encore à tous les donateurs pour leur soutien inconditionnel.
Votre implication permet de rendre possible un sourire malgré les cœurs brisés de nos enfants.
Par votre action, ce sourire demeure une source de lumière et d'espoir dans notre monde parfois bien sombre.
Henri Boulad, sj